20 MINUTES – Cancer du sein :
À Nice, REALETEE a développé une première mondiale en matière de prothèses mammaires

par Elise MARTIN

Derrière son bureau de la place Grimaldi, à Nice, Julien MONTENERO retrace l’histoire de sa société REALETEE et de la création des premières prothèses mammaires externes sur mesure du monde.

« Ça m’a choqué de penser que ça n’existait pas encore. »

Depuis avril 2022, il propose aux patientes touchées par le cancer du sein et qui ont recours à une mastectomie, ces prothèses temporaires ou définitives, reproduites à l’identique par rapport au sein enlevé. Le poids, la forme, la couleur de peau, les détails des veines ou des grains de beauté, jusqu’à l’aréole et le mamelon et leurs sensations, tout y est « pour que la femme retrouve ce que la maladie lui a enlevé ». Cette « révolution » est possible grâce à l’impression 3D et c’est une première mondiale.

« On s’adapte à toutes »

Le fondateur également épithésiste, qui crée des prothèses faciales, a eu l’idée parce que « ça fait quinze ans qu'[il] fai[t] ça ». « Je me suis dit que si je pouvais le faire pour des nez, il y avait quelque chose à faire pour les prothèses mammaires, développe le professionnel. Actuellement, elles sont standardisées, lourdes et ressemblent plus à des poches triangulaires qu’à des seins. Ce qui fait que depuis des années, les femmes opérées s’y sont détournées et que d’autres solutions sont nées comme le tatouage réparateur et toutes sortes de vêtements adaptés. Avec la 3D, on peut faire du sur-mesure. Ce qui veut dire que la patiente peut utiliser exactement les mêmes sous-vêtements qu’avant l’ablation. J’ai remarqué à quel point ça comptait pour elle. Et puis, c’est surtout très important d’apporter enfin cette solution parce qu’il y a autant de seins que de femmes et nous, on s’adapte à toutes. »

REALETEE, c’est avant tout une histoire personnelle pour Julien Montenero. « J’ai vu ma tante il y a vingt-sept ans se faire enlever un sein l’un après l’autre pour vaincre son cancer. Elle avait des difficultés dans sa posture, particulièrement dans la société, poursuit-il. Elle ne se sentait pas à l’aise socialement. Depuis vingt ans, ça me trottait dans la tête. Le déclic, ça a été quand mon amie Géraldine m’a annoncé lors du premier confinement qu’elle était elle aussi attaquée par une tumeur. Je lui ai demandé si ça lui disait d’être en quelque sorte mon cobaye pour développer ce concept et permettre aux prochaines patientes de retrouver leur anatomie après la dure épreuve du cancer à vivre. »

Accessible qu’importent les ressources ?

Dix-huit patientes ont déjà pu bénéficier de ces prothèses. « J’ai encore eu cinq appels ce matin, précise le fondateur. Et il doit y avoir une quinzaine de projets en attente. » Pour le moment, cette révolution n’est accessible qu’aux personnes « aisées ». « Nous sommes en processus de normalisation avec la Haute Autorité de santé pour que ce genre de prothèses soient complètement prises en charge, précise le Niçois. Toutes les prothèses faciales le sont, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas pour celles-ci. Comme on utilise une technologie particulière, ça prend du temps, mais mon objectif est de permettre à toutes les femmes, quelles que soient leurs ressources, d’avoir accès à ces prothèses. » Il ajoute : « Les prix vont de 1 500 à 4 000 euros, qui s’expliquent notamment par l’utilisation de machines très performantes pour avoir ce résultat impressionnant. »